Ce que l’on sait du corail rouge
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Le corail rouge de Méditerranée est un organisme marin fascinant, capable de susciter des passions, que l’on soit pêcheur corailleur, historien, bijoutier, artiste, simple plongeur ou scientifique.

Le magnifique corail rouge est un Cnidaire à croissance très lente. Il vit dans des habitats rocheux ombragés en Méditerranée et Atlantique oriental, entre 5 et 700 m de profondeur. Depuis des millénaires, on utilise son squelette calcifié pour des bijoux, des amulettes et comme médication.

Souvent appelé l’or rouge pour son utilisation en bijouterie, le corail rouge est un élément essentiel de la culture méditerranéenne et de sa mythologie. Mais les pouvoirs magiques et thérapeutiques qui lui ont été attribués depuis des millénaires ont eu une aura qui s’est étendue bien au-delà des rivages de la Méditerranée, jusqu’aux confins de l’Asie et de l’Afrique par la voie des grandes caravanes.

Le corail rouge et ses prétendues vertus

La beauté du corail rouge s’exploite d’abord sous sa forme minérale en bijouterie. Puis, l’Homme révèlera toute sa splendeur quand il apprendra à regarder sous l’eau. Et éclairer les recoins sombres où il vit.

Le corail rouge est sous le signe de la persistance. Persistance de l’organisme : combien de temps est-il capable de vivre en construisant son squelette solidement attaché à la roche ? Nul ne le sait.

Persistance aussi des utilisations qu’en fait l’Homme depuis des milliers d’années. Que ce soit comme amulette pour conjurer le mauvais sort. Comme parure prestigieuse. Et même comme médicament puisqu’il intervient encore dans des compositions homéopathiques. Comme Dioscoride, Galien et Avicenne le vantaient.

La quête de cet or rouge au cours des temps résume bien l’évolution des techniques nautiques et sous-marines, depuis le pêcheur antique avec sa petite barque à rames, tentant d’arracher à la main quelques branches peu profondes en plongeant nu, jusqu’aux navires actuels, équipés de positionnement géostationnaire, de sondeurs multifaisceaux, de caméras téléguidées, de sous-marins et de système de plongée trimix.

La nature du corail rouge a fait l’objet de débats passionnés entre naturalistes jusqu’au XVIIIesiècle. Aujourd’hui, il est devenu un sujet particulièrement étudié en Méditerranée, pour mieux en gérer les stocks, mais aussi comme modèle d’organisme à très longue durée de vie, sensible à son environnement et capable d’en enregistrer les variations.

Avec son apparence de petit arbre pétrifié, sa couleur de sang et une réputation de pouvoirs magiques, le corail rouge a été l’objet de mythes quant à sa nature et il est un modèle classique de l’évolution des sciences naturelles au cours des siècles. Alors, est-il minéral, végétal ou animal ?

Pour les Grecs anciens, le corail rouge était un « lithodendron » (arbre de pierre), un végétal qui durcissait au contact de l’air. Ovide relate dans les Métamorphoses que c’est le contact de la tête de Méduse, coupée par Persée, qui a donné aux pousses molles de corail la force de durcir à l’air comme pierre.

Ce mythe d’une pétrification aérienne s’est maintenu jusqu’à la fin du XVIe siècle ! Mais le débat à propos de la nature minérale ou végétale du corail s’est poursuivi jusqu’au XVIIIe siècle, les botanistes le classant comme « lithophyte ».

C’est dans ce contexte qu’est survenue ce que l’on peut nommer la « controverse de Marseille ». En 1706, Luigi Ferdinando Marsigli, militaire italien mais surtout naturaliste, vint à Marseille après un séjour à Montpellier. Il a un projet peu commun pour l’époque : aller en mer pour en étudier les phénomènes physiques. Et aussi, le corail en accompagnant les pêcheurs. De ces tribulations marines au large de Marseille naîtra le premier ouvrage moderne d’océanographie. L’Histoire physique de la mer (1725).

Marsigli est alors persuadé de la nature minérale du corail rouge, qui se formerait comme les stalactites des grottes aériennes. Mais, après une pêche hivernale, les rameaux de corail qu’il a mis dans des récipients remplis d’eau de mer présentent des fleurs blanches à huit pétales.

Voilà la preuve que le corail est bien un végétal.

Les Cnidaires et le monde marin

Il acquiert alors la conviction que les fleurs sont bien animales et font partie intégrante de l’écorce friable du corail. Mais Réaumur mit son veto en 1727 à la diffusion de cette découverte par l’Académie des sciences. Les observations de Peyssonnel furent quand même publiées en Angleterre. On reconnut enfin leur justesse. D’abord par Bernard de Jussieu en 1742, puis par l’ensemble de la communauté scientifique.

Les Cnidaires constituent un embranchement majeur du monde marin, extrêmement divers puisqu’il regroupe des organismes ayant des morphologies et des modes de vie aussi différents que les méduses, les anémones de mer, les hydraires, les coraux et les gorgones.

Tous abritent dans leur ectoderme des cellules spécialisées, les cnidocytes, qui renferment une arme redoutable, le nématocyste : une vésicule pleine de venin dans laquelle est invaginé un harpon muni d’un filament urticant, qui sera projeté à l’extérieur si une papille sensible, le cnidocil, est touchée.

D’après Jean-Georges Harmelin, biologiste marin, avec son aimable autorisation